domingo, 24 de noviembre de 2013

Poèmes de Alejandro Cortés González (Colombie) en français

Né á Bogotá, Colombie en 1977. En 2006, ses poèmes ont étés publiés dans l’anthologie de nouveaux poètes en El alma en un bolsillo, édité par la Casa de Poesía Silva á Bogota. En 2009, il a gagné le Concours de Nouvelles á l’Université  Centrale de Bogotá avec  le roman Notas de inframundo, publié et diffusé l'année suivante à la Foire Internationale du Livre de Bogotá. En 2011, il remporta la première place du concours de contes de l’Université Centrale de Bogotá avec son conte Él pinta monstruos de mar, titre de l’anthologie publiée par  la même Université. En 2012, fait parution son livre de poésie Pero la sangre sigue fría. En 2013, il remporte la Bourse de Circulation Internationale du Ministère de la Culture, qui donne droit à la participation au VII Festival de la Poésie à Paris.
Fréquemment il est invité à des rencontres littéraires et culturelles qui se donnent lieu dans différentes pays: la Colombie, le Mexique, le Venezuela et la France. Il est aussi collaborateur de la revue de poésie américaine La raíz invertida et coordinateur des programmes culturels de la Librairie Trilce à Bogota.



LA NUIT SENTIE

Le reptile sait que sa trace mésozoïque
Á l’âge du poème
Le poème n’oublie pas que par les os de ses lettres
Grossit l’amertume du reptile
Le saure
Le lézard
Le monstre rarement émergé
Des catacombes de mers et inframonde
Dans ces empreintes il avertit l’encre du poème
Depuis le premier jour il charge l’appel à l’extinction
Celui qui s’échappe en discrets pas et précipitée absence
Une dague et une fuite
Conspirateur de souvenirs
Collecteur d’oublis

Le poète est une plaie ouverte sur le tissu du monde
Un citoyen de la mémoire toujours de passage
Un reptile qui construit sur les ruines des jours
Sa morbide perpétuité
Il présage la nuit
Il devra offrir excuses de ses silences,
Et traverser des mers
Pour graver de drapeaux son épitaphe.


MUER LA PEAU

Les pieds de ceux qui viennent de se connaitre
Sont l’orgie de vipères qui se tressent
Et ne ce saisirent pas

En douces codes morse
Se demandent choses innécessaires
Du lubrifiant des promesses.

Chaque pied est le livre en braille lu par l’autre
Lu et oublié
Se tresse et se détache

Si nos pieds rampaient une fois encore sur les pieds de l’autre
Ils seraient encore la bête bicéphale qui galope sur les draps,
Mais ce ne sont pas des mammifères qui galopent,
Sinon des pieds qui rampent et se transmettent du froid.

Eux
Serpes méconnues
Qui partagent le changement de peau.


LE PREMIER MÉTIER DU JOUR

Poésie est un chômeur qui mène un enfant á l’école
La main qui protège et la main qui rédime
Se joignent et s’offrent des silences.
L’enfant ne parle pas des livres qui lui manquent.
L’adulte ne parle pas de l’emploi pas obtenu
La poésie est omission
La rue, une rivière en crue
Avant de la traverser ils se serrent fortement les mains
Pour que jamais ils ne se détachent
Poésie est un chômeur qui mène un enfant á l’école
Est l’usine absente
Un livre pas lu.

Poésie c’est marcher de la main avec la promesse de personne.


TITRE DE PROPRIÈTÈE

A la barque abandonnée
Un fil de corde l’attache au monde
L’eau qui la berce et endorme
C’est l’eau qui la démembre
Ce qui reste de la barque
N’est ni lac ni rive;
Seul un corps enraciné de corde
En attendant qu’il se casse
Bouscule
Et attend
Bouscule
Et attend.

L’abandon est propriété de la dérive.


SALLE DE SÉJOUR

Tant délogement contenu entre murs blancs
Le silence a échos
Étourdi
Par les cabrioles de l’air s’avertissent les ailes
De l’ange du Duine
A quoi vient ’il?
A qui cherche-t-il?
Chez moi le vide déborde les fenêtres
Et les mouches viennent pour mourir de faim.

  
APPARITION AVEC UN POISSON

Je viens te rendre visite avec la tête pendue
Je t’ai apportée un poisson
Regarde, un poisson.
Je prends un petit café
Je suis de passage
Je viens rendre visite avec la gorge délié
Pendant que je te parle je la laisserai dans le bocal.
Á propos, jolis poissons
Qu’ils ne voient pas le cadavre que je viens d’apporter.

Tes apparitions font peur
Ils racontent que tu couses les yeux aux morts
Et avec leurs cornées tu donnes á manger tes poissons
Que tu voles leur dernière haleine
Et le jettes dans le bocal pour qu’ils deviennent des glaçons
Tu ris!
Quelle effronterie!
Ils parlent aussi d’un pays d’hiver
J’y vais
Pour me décoller les fièvres des os.

Ramasse le poisson de la table
Ne le laisse pas là, en vue des poissons

Je dois m’en aller
Laissons le café pour la prochaine fois
Quand les poissons seront pêchés
Je t’apporterai comme cadeaux
Les cadavres de futurs hivers.


PRIÈRE AVEC CIGARRETTE

La fumée de dieu emmène mon cœur de retour
Moins dense circule l’air dans la poitrine?
Se calment les nuits tatouées dans les yeux?
Invocation                                                                                            
Conjure de mouettes mandibules
Ça prend du temps débuter la journée avec les veines en pointe
On me demande par la densité de la poitrine
Par la légèreté des yeux
Et je n’ai pas d’air
Et  j’ai des nuits en trop
Je ne peux que faire des signales de fumée
Vers un ciel d’aveugles oiseaux.


LA NUIT DESSOUS L’EAU

Demi-bouteille d’eau de vie a la douche
Bouillonnement transparent de foies insomniaques
Paupières électriques
Intermittences
Veille de qui naufrage en soi-même

Contre l’étiquette
Contre la clepsydre emballée
Contre la peau ivre qui ouvre son parenthèse d’aiguilles diluées
Quelqu’un fête l’allongement des nuits

Éteint la lumière
Se baigne d’ombres
Lève le bras et se donne à boire aquariums et douches de mollusques empalées par des éclairs
Alcools de bain
Brume liquide
Que le verre ne se casse pas contre les carreaux
Que la nuit ne se casse pas dessous l’eau.


J’AI EU UN ENFANT QUI ETAIT UN GUÉPARD

J’ai eu un enfant qui était un guépard
Un guépard
Enfuit du vent
Il s’arrêtait seulement pour rejeter l’asthme enfermé
Je l’ai pris dans une cage polaroid
Et pour éviter sa fugue mis en dessus une grosse vitre

J’ai eu un enfant qui était une épée
Une épée
Une poignée de tonnerre
Je m'accrochais aux battements de leurs lames tranchantes
Dans l’air coupant de la cour
Marchent les apparitions de nos jeux

J’ai eu un enfant qui était une ombre
Une ombre
Un vide plein de noir
Si les ombres sont mues, comment savoir ce qu’elles cherchent?
On les voit jouer entre flaques et trottoirs dépeuplés
En attendant d’autres ombres pour crevasser l’eau

J’ai eu un enfant qui était une rune
Une rune
Avec gravures de guépard et alphabets de silence
Ni reflets ni épées laissés par les guépards après leur fuite
A peine ce corps sombre et sans ombre
Et cette cage polaroid, et cette grosse vitre.
  
  
MORT D’ESCARGOT

Un escargot vient de mourir
Deux sexes dans une goutte d’eau
Leurs organes cousus avec la bave souple de leur lente copule
Elle est morte la peur d’araignée qui t’empêche d’abandonner la maison?
Il est mort le désarroi qui te saisit à n’importe quel mur?

Quand les eaux cessent
L’herbe pleurera en toi des nouveaux escargots
Avec plus d’abandon que d’espérance
Tu iras lentement avec ta maison au-dessus
Avec le besoin de l’amour sur

Tu verras comment la terre court
Comment l’air vole
Comment l’eau se submerge
Et toi
Avec ta maison d’entrailles en pente
Au moins tu voudras
Un fil d’araignée
Qui te lève la tête.


Traduction: Juanita García-Reyes Rôthlisberger

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