lunes, 25 de noviembre de 2013

Poèmes de Camila Charry Noriega (Colombie) en français

1.
C’était pour être vivant
qu’on se déshabillait
et qu’on reconnaissait

la fureur dans l’épaisseur de la nuit
et c´était
pour cet attachement à la chair
que jour après jour
les mains brûlées par tant de sommeil
arrachaient des épines
la lumière rouge du soir



10.
J’oublie tout.
Sauf un chien aimé, sauf sa tendresse,
sa maladie.
Je vois la mémoire qui le ramène,
qui ignore mes mains
et les heures heureuses.



16.
J’écris
depuis l’éclat du soir
quand le dernier oiseau
chante sur une branche
alors que je l’imagine.



20.
Le chien montre ses dents avec frénésie
et court avec dans la plaine ;
une proie entre ses crocs
le soupir exhalé pour ce qui est maintenant le cadavre
d’un banquet qui continue de se débattre entre deux bouchées de faim et d’instinct.
Ensuite, le chien traverse la nuit,
l’obscurité qui représente pour lui le monde des humains.
il halète, il lèche les blessures de la journée
il sait et il comprend
ce que sont solitude et l’exil,
mais il ne connais pas le rôle du temps,
son devoir inéluctable ;
de tout vieillir, de tout finir.
Comme le chien
mes lèvres se battent avec la vie et avalent la lumière,
et jamais n’assouvissent leur faim,
une fois dedans, devient foudre
et s’étend dans les entrailles du corps
qui lui aussi traverse la nuit,
blessé et solitaire,
conscient qu’il sera cadavre,
banquet du temps ;
cet autre chien
qui dans la plaine, dans la nuit, dévore tout.



21.
La rue n’est qu’un vacarme
d’eau et de trous ;
je mesure la densité de la pluie déjà immobile
dans les flaques, sur le trottoir.
Je me rappelle,
je me rappelle le soleil de plomb de cet après-midi
et le mot amour qui rentre dans la gorge,
ainsi que son absence.
Cette pluie où des marcheurs aveugles
trébuchent et s’écrasent.
Rien d’autre à faire qu’attendre,
je pense.
Attendre.
C’est cela être vivant.


Oublie

Tu seras loin d’ici
quand dans les soirs d’averse de toujours
je cache des hirondelles et des vers.
tu sauras finalment que oublier
n’est que éviter entre les rues
des fantomes
que la lumieres des lampes imagine. 




7.
Des vagues sur l’œil ouvert de la mouette abattue
sur la sable de la plage.
Difficile de savoir qui est mort avant ;
la vague sur la côte qui éclate et est divisée en perdant l’unité ;
les yeux d’eau de la mouette morte dont
se fragmente la mer.


18.
Dans le soir
quand le ciel rouge brûle et tout
paraît un étrange effondrement de montagnes,
dans le front de ceux qui attendons résonne le soleil
et il reflet ce fatal mirage ; sang rouge et végétal qui éclate.
Alors les oiseaux sont des cloches dans le vent
des cendres lointaines,
des paupières qui se battent fragilement
en agitant la continuité du temps.


19.
Toute vide la feuille flotte dans le vent.
Elle tombe et pendant qu’elle tombe l’éternité pénètre.
Son alphabet, une autre lumière, une autre constellation,
restitue son centre à sa première appelle,
racine, matière sans visage,
arbre absent
dans le paysage du soir.


40.
Ma mère pense à sa mère qui est partie depuis quelques ans
Elle coupe les tomates et les oignons
dans son silence le plus triste,
en attendant une larme ou une apparition.


45.
Mon chien est mort la semaine dernière.
Ce qui est simple reconnaît dans l’esprit sa demeure,
les jours et les nuits passent, je l’entends hurler depuis sa paix.
Depuis mes mains, l’absence de sa gueule
couvre le lieu où il dormait.
sous la pluie tout paraît moins certain
et de temps en temps un tremblement dans ma porte
me force à croire qu’il me suit,
qu’il peut renifler ma tristesse et qu’il cherche ma main
pour la lécher encore une fois.
C’est-ce que je veux croire
parce que la bonté du monde ne peut être si peu
parce que reconnaît sa vie, qui a été,
comme un signe certain et ferme
d’une volonté qui s’approche, définitivement,
aux peux choses du monde qui en fait nos récompense.



Traduction: Valérie Fernandez


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